Adja Aïda Cissé a consacré l’ensemble de sa vie à l’agriculture, une passion qui a pris racine dès son plus jeune âge. Aujourd’hui, elle est à la tête du Réseau national des femmes rurales du Sénégal, une organisation regroupant plus de 6 000 membres à travers le pays. En prévision de la Journée mondiale de la femme rurale, célébrée chaque année le 15 octobre, Le Soleil a rencontré cette femme exceptionnelle qui œuvre pour le développement des agricultrices en milieu rural.
Rencontre avec Adja Aïda Cissé
Nous avons débuté notre rencontre en nous rendant au domicile d’Adja Aïda Cissé, situé à Darou Khoudoss, une commune proche de Tivaouane, dans la zone des Niayes. Cette femme est une personnalité bien connue dans la région. Son domicile est rapidement accessible, car elle habite à proximité du garage de Darou Khoudoss. C’était un jour ensoleillé, et la chaleur était accablante. Les rayons du soleil incitaient les habitants à chercher refuge à l’ombre des arbres. À son domicile, quelques jeunes se tenaient devant la porte pour échapper à la chaleur torride.
Malgré les conditions climatiques, Adja Aïda Cissé était à l’intérieur de sa maison, participant à une réunion en ligne. Elle est bien au fait des technologies de l’information et de la communication, utilisant son téléphone portable pour rester en contact avec des femmes du monde entier. « Donnez-moi quelques minutes pour terminer ma réunion en ligne. Nous préparons la Journée de la femme rurale », a-t-elle gentiment déclaré avant de retourner dans sa chambre.
De l’Agriculture à l’Engagement Politique
Peu de temps après, elle est sortie de chez elle pour se rendre à son champ, situé non loin du village. Adja Aïda Cissé n’est pas une agricultrice ordinaire. Malgré la chaleur écrasante, elle a demandé à son fils, qui faisait office de chauffeur, de sortir leur luxueux véhicule tout-terrain.
Elle a fièrement déclaré :
« J’ai acheté ce véhicule grâce à l’agriculture. »
Cependant, l’agriculture n’a pas seulement contribué à l’achat de sa voiture. Auparavant, elle avait construit une grande maison à étages dans leur vaste domaine à Darou Khoudoss, où elle réside avec son ancienne coépouse, Mbène Seck, et leurs enfants. Cette maison, bien carrelée, comporte deux étages.
La Terre Comme Moteur du Développement
Adja Aïda Cissé a pleinement compris l’adage « La terre ne ment pas. » Pour elle, l’agriculture est le moteur du développement, et la terre représente le meilleur atout des femmes rurales. Elle a hérité de son amour pour la terre de son père, originaire du Cayor mais ayant vécu à Mbourokh, un village du département de Mbour. La famille cultivait diverses cultures, notamment le mil et l’arachide. C’est dans ce contexte familial qu’Adja Aïda Cissé a grandi. Malgré sa scolarité, elle travaillait aux champs pendant l’hivernage.
Malheureusement, sa scolarité s’est arrêtée après l’obtention du Certificat de fin d’études élémentaires (CFEE). Plus tard, elle a rejoint sa grande sœur à Mbour, où elle a rencontré son futur mari. Après leur mariage, elle s’est installée à Darou Khoudoss, un village des Niayes fortement axé sur le maraîchage.
Depuis 1972, elle poursuit ses activités agricoles. Son niveau d’éducation peu commun à l’époque lui a permis de s’impliquer dans diverses organisations de femmes, et elle a créé de nombreux groupements féminins dans sa commune, composée de 68 villages et une centaine de hameaux. C’est ainsi qu’elle a pu intégrer le Réseau national des femmes rurales.
La Lutte pour l’Accès des Femmes à la Terre
À Darou Khoudoss, l’accès à la terre est particulièrement difficile pour les femmes, en raison des traditions locales et de la présence d’activités minières dans la région. Adja Aïda Cissé souhaite que les sites miniers déjà exploités soient réhabilités et redistribués aux femmes pour leur permettre de développer le maraîchage.
En l’absence de cette option, elle propose de déclasser une partie de la forêt de Darou Khoudoss pour offrir aux femmes un espace de culture. Bien que certaines femmes cherchent désespérément des terres, Adja Aïda Cissé dispose déjà de 2 hectares à proximité de son village.
Cependant, elle rencontre des difficultés liées à l’approvisionnement en eau. Le liquide précieux est insuffisant pour irriguer toute la superficie.
Elle souligne :
« Il m’est difficile de mettre en valeur ces terres, car je n’ai pas accès aux moyens de production. »
Plaidoyer pour l’Accès aux Moyens de Production
Le problème de l’accès aux moyens de production touche toutes les femmes rurales. C’est pourquoi, à l’approche de la Journée de la femme rurale, célébrée le 15 octobre chaque année, Adja Aïda Cissé prévoit de plaider en faveur de cette cause. Cette année, la célébration se tiendra dans la région de Kaffrine, offrant ainsi à Adja Aïda Cissé une nouvelle opportunité de sensibiliser à la situation des femmes rurales.
Son combat de longue date porte sur l’accès des femmes à la terre, étant donné qu’elles représentent plus de 80 % des agriculteurs, mais n’ont que rarement accès à la terre. La plupart doivent louer ou acheter des terres pour avoir leur propre lopin, et en cas d’héritage, elles sont souvent désavantagées. La législation en vigueur ne reflète pas toujours les pratiques réelles en matière de droits fonciers des femmes, un écart qu’il est urgent de combler.