Le Metissacana, premier cybercafé d’Afrique de l’Ouest, a ouvert ses portes en juillet 1996, à Dakar, au Senegal. C’était une aventure inédite qui a permis de sensibiliser les Sénégalais de Dakar comme ceux des villages à l’Internet. À l’époque, le Sénégal venait d’être relié à Internet et était le deuxième pays du continent, après l’Afrique du Sud, à bénéficier d’une connexion au réseau mondial.
La formation des animateurs pour faciliter l’accès au clavier
Lorsque Michel Mavros et son épouse, la styliste Oumou Sy, ont ouvert le Metissacana, personne ne croyait à l’Internet dans un pays où l’analphabétisme était largement répandu. Cependant, ils ont réussi à contourner le problème en formant des animateurs chargés de faciliter l’accès au clavier des plus illettrés. Le Metissacana est alors devenu un lieu convivial où tout le monde pouvait venir pour découvrir l’Internet.
Des prix de connexion très compétitifs
Pour attirer le plus grand nombre, Metissacana a cassé les prix de connexion. À l’époque, la Sonatel, opérateur historique des télécoms au Sénégal, facturait à 30 000 francs CFA l’abonnement mensuel à Internet. Le Metissacana proposait l’abonnement à 8000 CFA. En mars 1999, le petit challenger est devenu le deuxième fournisseur national, avec 1500 abonnés.
La fermeture du Metissacana
Quelques petites années plus tard, en mars 2002, Metissacana est contraint de fermer ses portes. Les problèmes de facturation avec Sonatel se sont accumulés, l’entreprise est en situation de monopole et Metissacana ne peut plus rivaliser.
« Nous avons vécu une aventure extraordinaire. Nous avons sensibilisé les gens à l’Internet, nous avons travaillé avec des gens formidables », témoigne Michel Mavros. La fermeture du cybercafé est un véritable coup dur pour les abonnés. « Ils étaient inquiets. Pour beaucoup d’entre eux, c’était le seul moyen d’accéder à l’Internet ».
Malgré tout, l’histoire de Metissacana est considérée comme un succès. Les fondateurs ont réussi à prouver que l’Internet pouvait être un média de masse au Sénégal et ont largement contribué à la démocratisation de l’accès à l’information.
« Nous avons montré que l’Internet était un outil qui pouvait être utilisé par tous, que ce soit pour communiquer, s’informer ou pour travailler », explique Michel Mavros.
Aujourd’hui, l’accès à l’Internet est beaucoup plus facile au Sénégal. La Sonatel a été privatisée en 2000 et de nouveaux opérateurs sont apparus. La bande passante du pays est désormais de plusieurs gigabits et le coût de l’abonnement a considérablement baissé. Pourtant, l’histoire de Metissacana reste gravée dans les mémoires. Le cybercafé est devenu un symbole de l’ouverture du Sénégal à l’Internet et de la créativité de ses entrepreneurs.
« Nous avons travaillé avec nos tripes, avec beaucoup d’énergie. Nous avons été des pionniers », conclut Michel Mavros.
Michel Mavros est décédé à Paris le 9 octobre 2006 et a été inhumé au cimetière musulman de Yoff, à Dakar.