Le nombre de fois qu’on m’a dit : – “Tu as de longs ongles dé, ça se voit que tu ne fais rien, amo ndieurigne”,
et que j’ai voulu répondre : – “Kou meun labou ak wé you goudou warna meun togu”…
Si on me donnait 100 francs à chaque fois, batey amna R+3. Pour info, les longs ongles peuvent faire aisément ce que les ongles courts peuvent faire, c’est juste une question d’habitude et de réajustement.
J’ai voulu parler de cuisine aujourd’hui parce qu’une amie qui ne sait pas cuisiner me l’a demandé cela fait un moment. Ensuite, ça commençait à me saouler que les femmes mariées autoproclamées super dionguées critiquent les autres femmes (célibataires ou mariées qui ne savent pas cuisiner).
Elles disent : “ le chemin vers le cœur d’un homme passe par son estomac.”
Je réponds : “ Eh bien, qu’en est-il du chemin vers le cœur d’une femme ? ”
Sans transition, les sénégalais veulent une femme vierge mais qui a de l’expérience…
De la même manière, ils veulent une femme digne d’une candidate de TopChef même si elle allait à l’école en même temps que ses frères et que le weekend était réservé à Oustass.
Certaines mamans en font un point d’honneur d’apprendre à leurs filles à cuisiner. D’autres repoussent tellement qu’un beau jour, leurs filles se sont mariées avant d’avoir pu apprendre. Si vous avez fait un stage intensif de cuisine avant de vous marier, levez la main. Et vous les hommes, vous avez été formés en quoi avant de prendre épouse ?
Combien de mamans de nos jours apprennent à cuisiner à leurs enfants, le weekend ou pendant les vacances ? Les mamans sont trop adorables, elles se demandent toujours pourquoi leurs filles ne savent pas cuisiner, alors que techniquement, elles ne leur ont pas appris.
Faits :
Certaines femmes ne savent pas cuisiner et elles n’en sont pas moins des femmes. Et devinez quoi ? Elles peuvent apprendre, si elles le veulent et lorsqu’elles l’auront décidé. On peut toujours apprendre.
Certaines femmes qui sont des cordons bleus se comportent comme si elles étaient supérieures aux autres femmes et s’empressent de leur dire que leurs hommes vont bientôt aller voir autre part si elles n’apprennent pas vite. Elles oublient qu’une personne qui décide d’aller voir ailleurs ira voir ailleurs même si sa femme avait créé le Cube Maggi, ou qu’elle était elle-même the Cube.
Si vous vous retrouvez dans ce que je vais dire, faites moi signe 🙂 A un certain moment, ma mère ne supportait plus qu’on lui demande “lougnou agné ?” ou “lougnou réré ?” ou “lougnou togue ?”. Je me suis toujours demandée pourquoi jusqu’à ce que je me marie. Effectivement après un moment, ça devient fatiguant parce que si on analyse bien, on nous interroge sur le même sujet 3 fois par jour, tous les jours, et environ aux mêmes heures. Si vous êtes mariés ou en tout cas si vous vous occupez de la nourriture chez vous, dites moi en commentaire si ça vous fatigue ou pas.
Mon historique avec la cuisine
Je n’ai pas grandi en cuisinant, wakh deugu. Il y avait tout le temps quelqu’un pour le faire. Ma mère cuisinait tout le temps apparemment avant que je ne naisse. Je me rappelle qu’elle cuisinait parfois quand on avait des invités et bon Dieu qu’elle cuisinait formidablement bien. Je me rappelle encore de ses gambas farcies et j’en suis toute émoustillée.
Tout le monde faisait du kharane à la maison et j’aurai fait pareil. On avait des invités tous les Vendredis et au delà de me sapper dans mon yéré wolof, j’étais pressée du déjeuner parce que même si on mangeait bien tous les jours, les Vendredis étaient exceptionnels comme Youssou Ndour.
Bref, elle m’a eue tard et avait rendu le tablier quand j’étais assez grande pour apprendre à cuisiner. Les rares fois quand elle cuisinait, je l’observais amoureusement (dama ko fanwone nak) parce qu’elle était juste tellement élégante dans tous ses mouvements. Je ne l’aidais pas (ça la retarderait), je la regardais juste en souriant bêtement et en attendant les fameux « kay mosseul meu » et “ma doli khorom wala?”…
Ensuite, je suis allée à l’université aux Etats-Unis ne sachant faire que des œufs et des crêpes. J’ai d’abord habité avec mes frères et je me rappelle que le deuxième jour de mon arrivée, un ami à eux, trois secondes après qu’il m’ait rencontrée m’a dit : « ah je suis content que tu sois là, je vais venir manger ici tous les jours du thiep ». J’ai rigolé, il était trop tôt pour dévoiler mon vrai visage.
Heureusement pour nous, notre frère aîné cuisinait divinement bien, yagu deuk mom ken, saf lokho leu def. Je faisais les courses et la vaisselle, et il gérait nos ventres jusqu’à ce que je déménage au campus. Là bas, je mangeais à la cafétéria donc ba légui je n’ai pas appris à cuisiner parce que je n’en voyais pas l’intérêt.
Un été en vacances à Dakar (et surtout avant que mes amis n’arrivent pour qu’on gère notre summer proprement), je m’ennuyais et je me suis dit tiens et si j’apprenais à cuisiner ? J’avais 18 ans et je me demandais ce qu’était benn tchin et niari tchin exactement (ma ngi khar ba kenn juger ma rek).
Cet été là, j’ai commencé à ndougou et appris à cuisiner pendant à peu près un mois. J’avais un petit carnet et je notais les dosages pour les épices que je nommais « Nokoss 1 », « Nokoss 2 » etc. Jusqu’à ce jour, la cuisinière/ grande soeur qui me formait se moque de la nomenclature que j’utilisais. Ma mère était aux anges, elle était heureuse que je me décide à apprendre, même si elle pensait que j’étais amoureuse et que je me préparais au mariage. Effectivement, j’étais amoureuse…. mais j’apprenais par curiosité.
J’ai appris trois choses cet été là :
- Le thiep prend du temps à cuisiner
- Je ne peux pas dédier ma vie à passer 3h en cuisine tous les jours
- J’aime cuisiner (et personne ne m’a forcée à apprendre), mais surtout j’aime la patisserie
Si ce n’était pas pour ce mois de curiosité, je ne serai pas au niveau où je suis aujourd’hui.
Toutes les femmes ne savent pas cuisiner, elles n’ont pas appris ou tout simplement ça ne les intéressait pas. A celles à qui on a imposé la cuisine le weekend, félicitations.
La chasse, la pêche et la cueillette : on en a tous besoin mais sachez que gni todioul fi, todj negn fenen.
Savoir cuisiner permet d’économiser de l’argent. C’est un atout de savoir cuisiner mais ça ne donne pas le droit de s’attaquer à celles qui ne savent pas cuisiner. Apprenez à votre copine, amie, sœur à cuisiner si vous le pouvez. Donnez lui des astuces mais ne lui faites pas se sentir moins que femme parce qu’elle ne sait pas comment rossi, mousseul ou soorr au bon moment.
Leçons :
Si vous apprenez à vos filles à cuisiner, apprenez aux garçons aussi. C’est une question de survie. Quand vous les aurez envoyés à l’étranger, dites vous que 3/4 de l’argent de poche (votre argent) va dans les fast foods. Quand ils viennent en vacances passant souvent de Lucky Luke à Michelin, sachez que c’est la faute au McDo.
Cuisiner, c’est important (surtout pour les gens tiit comme moi), mais les femmes qui cuisinent ne sont pas de “meilleures femmes”, kenn gueunoul kenn, ce sont juste des femmes qui sont saf lokho.
Racontez moi vos expériences culinaires ! Cuisinez-vous ? Avez vous appris tard ? Vous-a t-on jugé ? Avez vous eu des sueurs froides avant le mariage ? Dites moi tout !