La violence conjugale a un autre visage au Sénégal. N’avez-vous pas remarqué le nombre incroyable de jeunes femmes souffrant de goitre ? Une épidémie au Sénégal : le stress perché au cou. Avant, le goitre était causé par une carence en iode, maintenant il est dû au stress dans le couple.
Beaucoup de couples sont devenus des colocataires, les femmes n’osant pas quitter le domicile conjugal par peur du qu’en dira-t-on et surtout faute de moyens : où aller avec ses 4 enfants lorsqu’on dépend totalement de son mari ? L’époux lui, n’a pas besoin de divorcer, il va juste se chercher une autre jeune femme pour régler son problème.
Pourquoi les femmes divorcées ont- elles plus de mal à parler de divorce ? L’annoncer ? Refaire leur vie surtout quand il y a des enfants ?
Suite à un divorce, la société est moins indulgente avec les femmes qu’avec les hommes. Elles sont condamnées, jugées.
Pour les hommes, le divorce est synonyme de liberté. Ils rêvent déjà d’une nouvelle vie avec une nouvelle femme qui va les aider à retrouver leur jeunesse, leur virilité d’antan.
Pour les femmes, c’est tout autre. Dès la puberté, on leur apprend que « TAARU JIGUEEN MOY SEY », ces mots nous ont tellement été répétés qu’ils sont gravés dans nos têtes. Au finish, les femmes divorcées ont du mal à s’affirmer.
Une femme m’a dit :
« Cela fait 2 ans que je suis divorcée et je ne l’ai même pas dit à ma famille au Sénégal. On va encore me mettre la pression pour trouver un autre époux. Je travaille, je m’occupe de mes enfants mais dégg na lou nek « yow beugo sey, liberté nga beugue, def loula nexx. » Mais ils ne comprennent pas que personne ne fête son divorce, personne ne se marie pour divorcer et parfois, le divorce est la meilleure option. Ce qui me fait le plus mal, ce sont les paroles de certaines « copines ».
Quand mon ex-mari s’est remarié, elles disaient: « niaw bakhna si mom, mouy dof doflou, lou nek lako djeukeur dji dan deffal. » Mais elles ne peuvent pas comprendre que moi aussi je peux m’acheter tout ça et que je ne me suis pas mariée pour de l’argent. Mais bon seuyou Sénégal mom sou tassé rek gnouné « jigueen bila mom deh téranga bou nek deffal nagnou koko khamoul loumou beugue. »
Le mariage c’est toute une vie, alors pourquoi vivre et rester dans la crainte, le stress, le conflit, et finalement la dépression ?
Si la femme a des enfants, la difficulté de refaire sa vie devient un lourd fardeau dans la mesure où la plupart des hommes ne veulent pas s’encombrer de la progéniture d’un autre.
Un homme refait facilement sa vie, une femme porte d’abord le poids du regard des autres femmes (plus sévère que les hommes) qui la juge parce qu’un mariage qui se termine par un divorce, c’est forcément la faute de la femme. Elle n’a pas bien géré son foyer, elle ne sait pas s’occuper d’un homme…sinon il ne serait pas allé voir ailleurs.
C’est encore plus difficile lorsque dans sa famille il n’y a jamais eu de divorce, même si on sait que bon nombre de ces couples ne sont pas heureux : ILS SONT LÀ REK DI MOUGNE.
Enfin, les proches de l’homme vont se vanter du «tassna kénène gneuw, jigueen mom diaféwoul». L’ex-mari se remarie rapidement pour prouver qu’il sait s’occuper d’une femme.
Je pense à toutes ces jeunes femmes mariées dont les époux leurs avaient interdit de travailler : « tu n’as pas besoin de travailler, je peux te donner de l’argent ». Elles, toutes joyeuses dans leur nouvelle vie, abandonnent leur travail parce que trop amoureuses. 10 ans de vie commune plus tard, la jeunesse a pris un coup, les enfants sont là, le ventre n’est plus aussi musclé, les fesses plus aussi fermes, les seins portent les marques du passage des enfants.
Même malheureuses, jeunes, elles restent quand mêmes, pour différentes raisons, sous le toit de leur bourreau. Elles n’ont nulle part où aller fautes de moyens, de familles qui n’a ni les moyens ni l’espace pour les accueillir, eh ben en plus que faire des bagages humains ? Les enfants ? Pendant ce temps là, les hommes refont leur vie comme de jeunes célibataires.
Il ne faut pas se sentir gêné et/ou craindre le jugement social, même si la société n’arrête pas de vous dire que votre vie n’a de sens que parce vous n’êtes pas mariées.
C’est Dieu qui scelle les liens et quand la fin arrive, alors il faut accepter et partir dignement.
À TOUTES CES FEMMES, ESSAYER DE SORTIR VOS TÊTES DE L’EAU. BON COURAGE !