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Université Numérique Cheikh Hamidou Kane : La montée en puissance d’une institution d’enseignement supérieur à distance

par Sophie
Un-Chk - soleil.sn

Créée en 2013, l’Université virtuelle du Sénégal (UVS), devenue Université numérique Cheikh Hamidou Kane (Un-Chk) est, aujourd’hui, en dix ans d’existence, la deuxième institution d’enseignement public du pays, en termes de nombre d’étudiants après l’Ucad. Elle compte, en ce moment, un effectif global de plus de 60.000 pensionnaires répartis dans 17 Espaces numériques ouverts (Eno).

En dix ans d’existence, l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane (Un-Chk), par le dynamisme de son modèle pédagogique, a réussi à se faire une place dans l’enseignement supérieur public. « L’Un-Chk, créée par le décret N° 2013-1294 est une mise en œuvre de la décision 02 du Conseil présidentiel du 14 août 2013 qui consiste à mettre les Technologies de l’information et de la communication (Tic) au cœur du développement de l’enseignement supérieur et de la recherche pour améliorer l’accès à l’enseignement supérieur et l’efficacité du système », lit-on sur le site Internet de l’institution. Cette décision, explique la même source, porte sur les directives suivantes : mettre en place l’Université numérique et des Espaces numériques ouverts (Eno) dans chacune des régions du Sénégal et au sein des universités publiques.

L’Université numérique ex-Uvs comme le souligne le créateur du projet, le Pr Mary Tew Niane, actuel Directeur de Cabinet du Président de la République, est passée à l’âge d’une université adolescente. « Ce n’est pas seulement de la formation générale, mais aussi il s’agit de la formation professionnelle à distance. C’est une plus grande ouverture et une facilité d’accès à l’enseignement supérieur sans avoir besoin de bouger de son terroir », rappelle-t-il souvent.

Le 22 novembre 2024, lors du vote du budget de son département, l’ancien Ministre de l’Enseignement supérieur, Moussa Baldé, disait à la représentation nationale que « l’Un-Chk est le fruit de la Concertation nationale sur l’enseignement supérieur et incarne l’avenir de celui-ci ». Il avait fait savoir aux députés que le numérique est « un outil qui est dans l’air du temps et a valu à l’enseignement supérieur beaucoup de satisfaction ». Cependant, il reconnaît que l’Université numérique est victime de son effectif pléthorique. « En effet, le nombre d’étudiants est passé de 10.000 à plus de 60.000, expliquant le problème de connexion », avait indiqué Moussa Baldé, lors de son passage à l’Assemblée nationale.

Université novatrice

Selon Moussa Baldé, le Sénégal fait figure avec l’Un-Chk, de « modèle en matière d’enseignement numérique », d’autant plus qu’il inspire, aujourd’hui, beaucoup de pays dans la mise en œuvre de leur projet d’Université virtuelle. Lors d’une conférence de presse le 8 décembre dernier, le Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri), Pr Moussa Baldé, a salué le modèle pédagogique de cette institution qui compte, aujourd’hui, 17 Espaces numériques ouverts (Eno). Elle délivre des enseignements dans 29 filières sanctionnées par l’obtention de Masters et 16 Licences. « Parmi les trois nouvelles universités fonctionnelles créées récemment, l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane est l’une des plus novatrices avec son réseau d’Espaces numériques ouverts (Eno) et ses enseignements entièrement dispensés en mode distanciel. Grâce à sa flexibilité et à ses capacités de résilience, elle est devenue, sur le plan démographique, la deuxième université publique sénégalaise. Cette université a prouvé, aujourd’hui, que l’enseignement en ligne est non seulement fiable et crédible, mais il demeure indiscutablement comme méthode d’enseignement-apprentissage pour l’avenir », avait confié M. Baldé.

Selon lui, l’expérience et les résultats acquis avec l’Un-Chk, surtout pendant la Covid-19, ont fini de prouver que l’enseignement à distance, s’il est bien fait, « est aussi performant que le présentiel ». On peut citer aussi, dans cette montée en puissance de cette institution, la baisse sensible du taux d’abandon qui, selon les statistiques, est passé de 36% en 2017 à 11% en 2022, là où les conditions difficiles de l’enseignement en présentiel ont fait grimper celui-ci à l’Ucad à 27,79% en 2022. Aussi, les taux de réussite à l’Un-Chk restent-ils assez satisfaisants avec 68,6% en Licence en 2022, là où l’Ucad en a enregistré que 52,32%.

Aliou KANDE 

Du virtuel au concret 

Lancée le 23 septembre 2013, l’Université virtuelle du Sénégal (Uvs), devenue, depuis janvier 2023, l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane (Un-Chk), est considérée, par la plupart des Sénégalais, comme une université des « sacrifiés » du système éducatif. Cependant, après dix ans d’existence et des mutations énormes tant dans le fonctionnement administratif que pédagogique, cette institution d’enseignement en ligne est devenue une référence au Sénégal et en Afrique, grâce à ses Espaces numériques ouverts (Eno).

« Je ne sais pas qui a donné ce nom, mais, on ne pouvait pas mal vendre l’université que de l’appeler Université virtuelle du Sénégal (Uvs). Et ce n’était pas sans conséquence. Cela a poussé tout le monde à penser que c’était l’université des laissés-pour-compte. C’était terrible comme dénomination ». Ces propos de l’avocat sénégalais, Me Mame Adama Guèye, tenus le jeudi 9 novembre 2023, lors de la cérémonie d’ouverture du Forum Legaltech organisé par l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane (Un-Chk), (ex-Uvs), illustrent, à souhait, les préjugés qu’avaient nombre de Sénégalais au lancement de cet établissement public d’enseignement supérieur à distance. Ce préjugé, Abdou Lakhat Fall, l’avait au moment où, il est orienté à l’Université virtuelle du Sénégal, précisément à l’Espace numérique ouvert (Eno) de Guédiawaye. « Quand j’ai reçu l’e-mail m’informant que je suis orienté à l’Université virtuelle du Sénégal (Uvs), j’ai dit à mes parents que je n’allais pas y aller. J’ai tardé à valider mon inscription, parce que j’attendais d’être orienté dans d’autres universités publiques », confie Abdou Lakhat, plongé dans ses souvenirs.

Convaincu par un de ses professeurs et certains anciens étudiants de l’institution, il a fini par valider son orientation, malgré tout. Abdou Lakhat Fall fait partie de la première promotion de la filière « Informatique-développement d’applications web mobiles ». Et progressivement, il s’est approprié le concept de son établissement, son fonctionnement et naturellement, Abdou Lakhat a fini par prendre goût. Aujourd’hui, il est en Master 2 en Ingénierie logiciel. « Comme l’œuvre de Cheikh Hamidou Kane, « L’Aventure ambiguë », l’Uvs est une aventure ambiguë pour les nouveaux bacheliers. À priori, quand on entend parler de l’Uvs, on pense que ce n’est pas une bonne université. Mais, dès qu’on y entre, on se rend compte que la réalité est toute autre, parce que c’est la meilleure université », témoigne notre interlocuteur qui est à la fois étudiant et surveillant dans son Eno. Dynamique de nature, on le voit entrer et sortir dans toutes les salles de l’établissement.

Dans la même lancée, souligne Ndèye Isseu Sidibé, il y a un « petit décalage » entre la réalité et la perception que les Sénégalais ont de l’Université numérique. Étudiante en première année, elle aussi revient sur l’angoisse qui l’a habitée quand elle a su qu’elle devait poursuivre son cursus dans un « univers virtuel ». « J’étais un peu déçue et stressée parce que mon rêve était d’aller à Cheikh Anta Diop de Dakar. L’Uvs, avec les problèmes de connexion, c’était un grand souci pour moi. Mon grand-frère était orienté dans cette université et il rencontrait souvent des difficultés pour se connecter et de suivre ses cours. Cela a eu un impact sur ses études. Quand on m’a donc orientée ici, je me suis dit que j’allais être en retard par rapport à mon cursus universitaire », dit-elle.

Sans aucune notion en informatique, Ndèye Isseu Sidibé a fait son entrée à l’Eno de Guédiawaye sans n’avoir jamais manipulé une machine. Désorientée, elle a sollicité l’aide de ses grands frères et s’est contentée des cours d’initiation à l’outil informatique, communément appelés, dans leur jargon « cours transversaux » pour s’adapter. Ce qui lui a valu deux mois d’apprentissages. Dès leur entrée dans cette université, les nouveaux bacheliers suivent des cours d’initiation à l’informatique, en développement personnel, en leadership et en techniques de communication. Un moyen pour les administrateurs de l’établissement d’aider les étudiants à se familiariser avec l’ordinateur. Deux salles informatiques dénommées « Open-espace » (espace ouvert) bien équipées sont dédiées à ces cours à l’Eno de Guédiawaye.

Les Eno, des lieux de solidarité et de partage de connaissances

Contrairement aux premières années de fonctionnement où tout était fait en ligne en termes d’enseignements, aujourd’hui, les étudiants de l’Université numérique allient le virtuel et les cours en présentiel, notamment pour les cours transversaux et les examens de passage. En plus, pour rendre plus « vivante », leur université, les étudiants de l’Eno de Guédiawaye s’entraident en organisant des clubs pour donner des cours d’animation pédagogique aux nouveaux et ceux qui sont en deuxième ou troisième année. Ces cours, renseigne Abdou Lakhat Fall, permettent aux étudiants de partager des connaissances entre eux. « C’est la solidarité entre étudiants. C’est cela le charme de cette université. En plus ici, les étudiants se voient, à travers les clubs, se partagent des connaissances », soutient notre interlocuteur.

D’ailleurs, dit-il, tel est le rôle du Bureau des espaces numériques ouverts (Beno), dont Médoune Diouf est vice-président pour l’Eno de Guédiawaye. Cet organe est le « trait d’union » entre les étudiants et l’administration. « On est là pour appuyer les étudiants qui ont des soucis avec les machines, la connexion, etc. Parfois, on fait du social, car il arrive qu’on rencontre des étudiants qui ont des problèmes pour s’acquitter de leurs frais d’inscription. Nous apportons notre contribution en faisant des dons, des cotisations. Il y a aussi le cas des étudiants non éligibles, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas pu suivre leurs cours transversaux. Ces derniers, souvent n’arrivent pas à recevoir leur outil de travail. Nous les sensibilisons donc et essayons de les convaincre pour qu’ils poursuivent leurs cours d’informatique », explique M. Diouf, étudiant en Licence 3 de sociologie.

Malgré cette solidarité, le vice-président du Beno de l’Eno de Guédiawaye note quelques défis à relever pour le bon fonctionnement de leur université, et l’épanouissement de ses apprenants. « Que ce soit l’Eno de Dakar, Guédiawaye, Thiès, Pikine, le problème majeur que nous rencontrons, c’est la durée de l’année académique. On ne comprend pas comment est établi notre calendrier. On peut démarrer les cours en novembre ou décembre et boucler l’année en mai ou juin. On ne nous définit pas un calendrier fixe pour qu’on ait une idée exacte de nos périodes d’apprentissage. Parfois, il y a un chevauchement entre les calendriers des promotions. L’organisation des années académiques constitue vraiment un défi », a affirmé Médoune Diouf. Comme ces camarades cités plus haut, il évoque aussi le problème de la connectivité ainsi que la mise à disposition des ordinateurs et l’ouverture de restaurants dans chaque Eno.

Logée dans la banlieue dakaroise, notamment au quartier Hamo 6 de la commune de Guédiawaye, l’Eno de Guédiawaye dispose de trois pôles. Il s’agit du pôle Sciences, technologie et numérique (Stn) qui regroupe les filières Maths appliquées à l’informatique, la Communication digitale, Art graphique numérique, Multimédia internet, communication et Cybersécurité. Le pôle Lettres, sciences humaines et de l’éducation (Lshe) avec des filières telles que l’Anglais, la Sociologie et Science de l’éducation. Le dernier pôle est Sciences économiques, juridiques et administration (Seja) qui réunit les filières Sciences juridiques, Sciences politiques, Droit informatique Legaltech, Sciences économiques et gestion, Administration économique et sociale.

Mariama DIEME 

Boubacar Diallo, un major devenu chef de service 

Cheville ouvrière de l’Espace numérique ouvert (Eno) de Bignona, depuis 4 ans, Boubacar Diallo (29 ans), force l’admiration par son engagement au travail. Adulé par les étudiants, le Chef du service informatique de cette structure accorde une oreille attentive aux requêtes des apprenants qui louent aussi son parcours académique exemplaire. 

BIGNONA- Son bureau ne désemplit presque jamais, car étant le lieu des réclamations de toutes sortes. On peut citer, entre autres, le dysfonctionnement du réseau Internet, les défaillances des machines. Les journées de Boubacar Diallo ne sont pas de tout repos à l’Eno de Bignona. Il reçoit et n’hésite pas de quitter son fauteuil pour vérifier, de ses propres yeux, le dispositif technique en place. Du haut de ses 1m 80, celui qui a en charge la gestion technique de cette structure est connu pour ses arguments de persuasion devant toute situation. « C’est un régulateur », s’exclame Mamadou Lamine Bodian, étudiant en Licence 3 de la 7e promotion en sociologie. « Il a toujours montré sa disponibilité. Dès qu’il prend la parole, il rassure. Et tous les étudiants le savent », témoigne notre interlocuteur.

Premier de son centre au Brevet de fin d’études moyennes (Bfem) en 2010, il est orienté au Lycée Djignabo de Ziguinchor en série scientifique. Il est admis dans la classe S1 qu’on appelait seconde spéciale. Une entité pédagogique qui regroupe les meilleurs élèves des collèges de Ziguinchor ayant obtenu une moyenne supérieure à 14/20 en classe de 3e. Il obtient son Baccalauréat S2 en 2013.

Du virtuel à l’emploi

Comme la plupart des nouveaux bacheliers, Boubacar Diallo s’était posé beaucoup de questions lorsqu’il a entendu, pour la première fois, les agents du Centre national d’orientation scolaire et professionnelle (Cnosp) sont venus informer les élèves du lycée Djignabo de l’innovation que le département de l’enseignement supérieur avait apportée : la création de l’Université virtuelle et ses pôles d’enseignement.  Boubacar n’en revenait pas. « Nous nous sommes marrés, en nous posant la question suivante : Virtuel ? Comment pourra-t-on étudier dans ce qui est virtuel » ?

Le Bac en poche, Boubacar Diallo consulte la plateforme d’orientation Campusen et se rend compte que c’est son 16e choix qui a été validé. « C’était l’Uvs et dans la filière Mathématique appliquée et informatique. C’était compliqué. J’étais gêné de dire à mes amis que je suis orienté à l’Université virtuelle », se souvient-il. Convaincu que l’État ne fait rien sans rien, ce jeune qui dit croire au destin valide le choix. « C’était une nouveauté et les opportunités ne sauront manquer », dit-il. Son orientation dans cette institution lui ouvre de nouvelles perspectives. En Licence 2, il eut la chance de bénéficier d’une bourse de Huawei dans le cadre du « Seed for the futur 2016 », (La graine de l’avenir en langue française). Il effectue un séjour d’immersion en Chine (Shenzhen) où il bénéficie d’un renforcement de capacités sur certaines technologies. C’est ainsi qu’il éprouve une passion pour l’informatique et la technologie. « J’ai poursuivi les études jusqu’à obtenir un Master en réseau et infrastructures virtuelles », se réjouit M. Diallo.

Décrit comme un garçon discipliné et persévérant dans le travail, il bénéficie d’un stage à l’Eno de Ziguinchor à la Direction infrastructure en 2018, pendant 6 mois. Il apprend beaucoup auprès de son maître de stage, Mamadou Djigo. Il participe à la mise en place du projet « Smart éducation ». Engagé à l’Eno de Bignona depuis le 2 décembre 2019, Boubacar Diallo est un pur produit de l’ex-Uvs devenue Université numérique Cheikh Hamidou Kane (Un-Chk). Le 22 juillet 2023, alors que l’université récompensait ses diplômés, Boubacar, major de sa promotion, dit avoir atteint ses objectifs.

Jonas Souloubany BASSENE (Correspondant) 

PR MOUSSA LÔ, RECTEUR DE L’UNIVERSITÉ NUMÉRIQUE CHEIKH HAMIDOU KANE

 « En dix ans d’existence, le bilan est encourageant »

 Participer à l’essor économique et social du Sénégal et de manière inclusive, tel est, entre autres, l’ambition de l’Université numérique, renseigne le Recteur de l’institution, le Pr Moussa Lô. Après 10 ans d’existence de l’institution et au vu de ce qui a été accompli, il estime qu’il n’y a point de doute que d’autres succès suivront pour le plus grand bonheur des étudiants qui la fréquentent.

Créée en 2013 sur instruction du Chef de l’État, l’Université numérique célèbre, cette année, ses 10 ans d’existence. Pouvez-vous revenir sur la genèse de cette institution et tirer le bilan du parcours effectué durant toutes ces années ?

Comme vous le savez, la création de l’Université virtuelle du Sénégal, devenue maintenant Université numérique Cheikh Hamidou Kane, par décret n°2013-1294, est la concrétisation de la décision n° 02 du Conseil présidentiel du 14 août 2013 qui consiste à mettre les Technologies de l’information et de la communication (Tic) au cœur du développement de l’enseignement supérieur et de la recherche. Il s’agissait également d’élargir la carte universitaire afin de mieux participer au développement du capital humain à travers une formation de qualité et recherchée dans le marché de l’emploi. Ainsi, l’université doit participer, de manière efficiente, à l’essor économique et social du Sénégal et de manière inclusive, en donnant l’opportunité à chaque citoyen de se former où qu’il se trouve, d’avoir une très bonne culture numérique et de participer pleinement au développement de son terroir.

Après 10 ans d’existence, le bilan est très encourageant. Nos effectifs sont de plus en plus importants au fil des années, grâce à notre modèle d’enseignement flexible et innovant, un personnel enseignant et de recherche et un personnel administratif, technique et de service compétents,      très dévoués et qui œuvrent au quotidien à faire de l’Un-Chk, une université du présent et de l’avenir. La recherche se développe avec l’École doctorale pluridisciplinaire, mais aussi l’élaboration et le début de mise en œuvre d’une Stratégie institutionnelle de la recherche et de l’innovation (Siri) adoptée par notre Conseil d’administration en décembre 2022, pour la période 2023-2027. Nos étudiants se distinguent dans les concours et compétitions nationales et internationales, notamment dans l’informatique, tout comme nos enseignants-chercheurs aux concours d’agrégation et aux sessions des Comités consultatifs interafricains du Cames.

Notre réseau d’Espaces numériques ouverts (Eno) s’agrandit au fur et à mesure, à travers tout le pays. Les Eno provisoires de départ ont laissé place à des structures définitives dans plusieurs départements et l’objectif, à terme, est d’en avoir dans chacun des 46 départements du Sénégal. Nous avons de multiples partenaires qui nous font confiance et qui nous accompagnent pleinement dans le développement de notre institution. Au vu de ce qui est accompli en 10 années d’existence, il n’y a point de doute que d’autres succès suivront pour le plus grand bonheur de nos étudiants.

Combien d’étudiants ont pu boucler leurs études dans votre institution et quelles sont les filières les plus en vue en termes de formation ainsi que les qualifications ?

L’Université numérique a accueilli sa première promotion d’étudiants en 2014. Si l’on considère que chaque promotion doit faire trois ans pour boucler une licence, nous en sommes à 7 promotions. À ce jour, 13.420 étudiants ont été gradués, dont 12.559 en Licence et 861 en Master. À l’Un-Chk, nous avons trois pôles de formation. Le pôle Lettres, sciences humaines et éducation (Lshe) qui compte 8.700 étudiants, le pôle Sciences économiques, juridiques et administration (Seja) avec  un effectif de 20.637 étudiants  et le pôle Sciences technologie et numérique (Stn) qui totalise 23.127 étudiants.

Nous savons tous que le taux de bacheliers littéraires est largement supérieur au taux de bacheliers scientifiques. Mais à l’Un-Chk, nous travaillons à permettre aux bacheliers de la série L d’avoir accès aux formations scientifiques. Grâce au « comodale adapté », nous proposons un modèle pédagogique qui permet aux bacheliers littéraires qui constituent plus de 80% du taux global au Sénégal, de réussir une reconversion et de suivre des filières dans les Sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (Stem). Aujourd’hui, 44% des étudiants sont inscrits dans des filières Stem avec une certaine révolution. Cela est aussi une innovation qui fait que l’Un-Chk accueilli, ces 3 dernières années,  le 1/3 des bacheliers sénégalais orientés dans les universités publiques***.

La question des Masters est souvent évoquée par vos étudiants. Qu’en est-il exactement et qu’est-ce qui est fait dans ce sens ?

Dans toutes les universités, l’admission au Master obéit à un certain nombre de critères académiques, parmi lesquels la qualité du parcours académique et la pertinence du projet de recherche, sans compter les capacités d’encadrement. Ces critères sont importants à prendre en compte du fait des particularités liées aux formations en Master et plus particulièrement de l’obligation d’une part, de soutenir un mémoire (de recherche ou de stage), et d’autre part, de la nécessité de faire bénéficier à l’étudiant, un accompagnement scientifique de qualité.

Il faut noter que le processus de sélection des étudiants se fait avec rigueur et transparence par les équipes pédagogiques qui sont par ailleurs garantes du respect de ces normes et pratiques académiques. L’université fait énormément d’efforts pour accueillir le maximum d’étudiants en Master, parfois même au-delà du raisonnable pour les encadreurs. Mais la qualité reste le maître mot dans tous les cycles de formation que nous offrons et pour cette raison, la sélection doit être rigoureuse. J’encourage les étudiants à s’ouvrir également aux autres universités qui pourraient correspondre à leurs projets d’études. D’ailleurs, beaucoup de nos diplômés de Licence ont poursuivi ou poursuivent actuellement une formation de Master dans une autre Université ici au Sénégal ou à l’étranger.

Aujourd’hui, comment profiter davantage du numérique dans l’évolution de nos universités et la prise en charge des besoins en formation de nos jeunes ?

Le numérique offre des opportunités extraordinairess pour améliorer l’enseignement. Avec le développement de l’intelligence artificielle, les opportunités vont s’accroître. Globalement déjà, le Gouvernement du Sénégal a pris conscience de l’importance du numérique et a choisi de capitaliser sur les possibilités qu’il offre afin de jouer un rôle significatif dans la croissance de notre économie. De nombreux investissements sont consentis dans l’acquisition d’infrastructures technologiques de pointe, au grand bonheur des acteurs de l’écosystème. Il faut continuer à organiser des compétitions et challenges dans nos universités qui restent avant tout des laboratoires où l’on expérimente, fabrique, et met au point de nombreux projets pour améliorer les conditions de vie des populations. C’est le meilleur moyen de donner l’opportunité à nos apprenants et à nos personnels, d’exprimer leurs talents et expertises.

À l’Un-Chk, nous développons des projets et programmes résolument tournés vers le numérique. C’est le cas du programme Formations ouvertes pour le renforcement des compétences  de l’emploi et de l’entrepreneuriat dans le numérique (Force-N) qui bénéficie du financement de la Fondation Mastercard, dans le cadre de sa stratégie Young Africa Works. Il a pour objectif principal de répondre au défi de l’emploi des jeunes, de mettre en place une offre de formations certifiantes entièrement gratuites et basée sur un modèle pédagogique innovant, orienté autour des emplois et métiers liés au numérique, au bénéfice de 80.000 jeunes dans les métiers du numérique et l’insertion professionnelle de 70.000, dont 55% de filles. Il comprend aussi un volet soutien aux lycées et collèges pour atteindre l’excellence en matière de formation aux sciences à la technologie, aux mathématiques et au numérique. Dans le cadre de la recherche, beaucoup de projets s’intéressent aussi à la transformation numérique.

Qu’est-ce qui explique le fait que l’Université numérique est devenue, en si peu de temps, la deuxième université publique du Sénégal et comment comptez-vous accompagner cette montée en puissance ?

Beaucoup de facteurs sont à noter par rapport à cela. Le numérique offre énormément de possibilités. Avec notre modèle pédagogique, la connaissance vient vers vous ; c’est le principe du « Foo nekk foofou la ». Plus besoin de se déplacer dans un campus pédagogique pour bénéficier d’une formation. Nous offrons donc à toute personne la possibilité de rester dans sa localité et de poursuivre des études supérieures, au même titre que les autres étudiants dans les universités dites classiques. Ce modèle convient aussi particulièrement à certaines catégories de personnes comme les étudiantes mariées ainsi que les étudiants en mobilité réduite.

Avec notre modèle pédagogique très flexible, l’étudiant apprend à être autonome et à s’organiser le plus convenablement possible. Nous donnons aujourd’hui l’opportunité à nos apprenants la possibilité d’entreprendre***. Nous avons beaucoup d’étudiants entrepreneurs que nous accompagnons à travers notre incubateur. Notre modèle pédagogique offre, par ailleurs, la possibilité à chaque étudiant de rester dans son terroir et de participer à son développement. Aujourd’hui,  tout le monde sait que l’avenir est dans le numérique qui, par sa transversalité, touche tous les secteurs.

Quels sont les défis à relever pour accompagner l’envol de cette institution en pleine croissance ?

Le premier des défis reste le souci d’offrir en permanence un enseignement de qualité à tous nos étudiants, que cela soit pour la formation initiale que pour la formation continue. Avec l’augmentation importante de nos effectifs, il nous faut également relever le défi de la connectivité pour que chaque apprenant puisse accéder aux cours, quel que soit son lieu de résidence. La stabilisation du calendrier universitaire est aussi un défi majeur que nous travaillons à relever.

Il nous faut également diversifier l’offre de formation, en mettant l’accent sur les filières d’avenir qui permettent d’outiller nos étudiants pour le marché de l’emploi. Tout cela nécessite plus de moyens qui excèdent forcément le budget qui nous est alloué par l’État.

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