Le réalisateur Pape Bouname Lopy, avec son premier long métrage, « Le Mouton de Sada », offre une vision poignante de la pression sociale entourant les préparatifs de la fête de Tabaski. Récompensé d’un Prix spécial du jury au dernier Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), le film a été projeté en avant-première au Canal Olympia Teranga de Dakar.
Au Cœur d’une Famille Dakaroise
Babou, résident de la banlieue dakaroise, se trouve confronté à la tradition de sacrifier le mouton, « Dou », élevé au sein de sa famille, pour la fête de Tabaski. Son fils, Sada, tisse des liens étroits avec l’animal et s’oppose à la décision de son père. Lopy explore cette relation sincère entre l’homme et l’animal, tout en ramenant l’histoire ancienne d’Abraham à l’origine de la fête de Tabaski.
La Pression Sociale et les Inégalités
Au-delà du lien affectif entre Sada et « Dou », le film dépeint la pression sociale qui entoure les préparatifs de la fête de Tabaski, surtout pour les familles démunies. Lopy souligne le regard méprisant de la société envers ceux qui ne peuvent pas se permettre un mouton ou des vêtements neufs pour la célébration.
Un Sarcasme Symbole des Relations Familiales
Le sarcasme présent dans le film symbolise les relations hypocrites qui minent les familles et déchirent les foyers, contrastant avec la sincérité entre Sada et « Dou ». Cette connexion est perçue comme une quête d’humanité perdue, soulignant les excès et les imperfections de la société.
Poids Social et Violence Inévitable
Lopy explore le poids social pesant sur les familles démunies, montrant la honte ressentie en l’absence de festivités. Le père, initialement résistant, cède devant un fils prêt à sauvegarder ses liens avec « Dou ». La difficulté d’obtenir un deuxième mouton pour la commémoration d’Abraham souligne la violence sociale inhérente à ces traditions.
Du Réalisme à la Fiction : Casting Non-Conventionnel
Inspiré d’une histoire réelle, le réalisateur a adopté une approche non conventionnelle pour le casting, choisissant des enfants dans la banlieue dakaroise. Ce réalisme apporte une profondeur authentique au film, reflétant la vie quotidienne de nombreuses familles dans la région.
Un Hommage Cinématographique Engagé
« Le Mouton de Sada » rend hommage au regretté professeur Abdou Aziz Boye, fondateur de Ciné banlieue/Ciné Ucad, symbolisant le combat d’une génération pour s’affirmer dans le cinéma. Lopy considère son film comme un « film de combat », dédié à ceux qui ont lutté pour s’exprimer à travers le cinéma.
Exploration Esthétique et Spirituelle
Le film explore le rapport parfois confus entre l’homme et l’animal, préservant des valeurs importantes de la société sénégalaise. Lopy offre une expérience visuelle qui transcende le visible et l’invisible, plongeant parfois dans un monde mystique pour évoquer l’indicible caché derrière l’amour.
Une Invitation à la Réflexion et à la Préservation des Valeurs
« Le Mouton de Sada » questionne les excès de la société entre tradition et modernité, mysticisme et spiritualité. À travers des images soigneusement tissées, le réalisateur invite le public à réfléchir sur ces valeurs et à préserver l’esthétique de leur représentation cinématographique.
Projection Nationale et Héritage Cinématographique
Le film, après sa première au Fespaco, se présente maintenant à son public national, en projection jusqu’au 10 décembre dans les salles de cinéma à Dakar, avant de circuler dans les centres culturels à travers le pays. Une œuvre qui transcende le cinéma pour devenir un témoignage poignant des réalités sociales sénégalaises.
