Hier à Touba, un Baye Fall a perdu la vie lors d’un affrontement avec un autre groupe chargé du maintien de l’ordre, sous l’autorité du khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké. Cette tragédie survit environ une semaine après l’incident où la dépouille d’un présumé homosexuel a été exhumée et incendiée à Léona Niassène (Kaolack) par une faute exaltée.
Baye Fall : débats et enquêtes
La nouvelle de la mort du Baye Fall est choquante, bien que pour ceux qui suivent les événements à Touba ces dernières semaines, elle ne soit pas surprenante. Lors de ma récente visite à Touba, les discussions tournaient invariablement autour de l’attitude des Baye Fall. Des mourides natifs et résidant à Touba condamnaient vigoureusement le recours à ces derniers pour la sécurité. Des incidents se sont des produits, allant jusqu’à des intrusions dans les domiciles pour demander aux femmes de revoir leur tenue. Des véhicules transportant des marchandises ont été interpellés sous prétexte de produits interdits (cigarettes), même lorsqu’ils traversaient Touba en direction de Dahra et Linguère.
Exactions et méconnaissances
Des individus ont été rasés en raison de coupes de cheveux jugées inappropriées. Le ministre Oumar Sarr, reconnaissable à sa coiffure distinctive, aurait risqué d’être rasé s’il avait mis les pieds à Touba. Il n’est pas le seul dans ce cas.
Appel à la responsabilité et à l’équité
Il est temps pour la République de Macky Sall de faire preuve de rigueur, d’intégrité et surtout de courage envers les religieux. Le maintien de l’ordre à Touba doit être confié aux forces de défense et de sécurité. Il est impensable que des policiers restent passifs pendant que deux groupes s’affrontent.
La république et la sacralité de Touba
Il est impératif de ramener Touba dans le giron de la République. L’interdiction des activités politiques à Touba et la délocalisation des bureaux de vote ont suscité un consensus curieux. Si l’interdiction peut se comprendre, refuser d’installer des bureaux de vote en ville ne l’est pas.
Défis éducatifs à Touba
Les écoles françaises sont formellement interdites à Touba, bien qu’il en existe dans la région. Cependant, interdire ces écoles alors que les enfants de Touba doivent se rendre à Mbacké chaque jour pour y accéder ne fait qu’ajouter des difficultés aux élèves et à leurs parents. Est-ce que les intellectuels mourides alphabétisés en français sont moins croyants que ceux des écoles coraniques ?
Collaboration pour une éducation adaptée
Au lieu de rejeter en bloc, il aurait été plus judicieux de collaborer avec l’État pour créer une école répondant aux besoins, incluant l’enseignement religieux et les aspirations de la population, majoritairement musulmane. Touba aurait pu être un laboratoire en la matière, avec une possibilité de mise à l’échelle en cas de succès. Pour cela, Touba doit d’abord rester intégré à la République, sans statut spécial la mise à part.
