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Réflexions sur les Taux d’Intérêt des Systèmes Financiers Décentralisés (Sfd)

par Aicha
Réflexions sur les Taux d'Intérêt des Systèmes Financiers Décentralisés (Sfd) soleil.sn

Le président de la République du Sénégal, Macky Sall, émet régulièrement des critiques concernant les taux d’intérêt appliqués par les Systèmes financiers décentralisés (Sfd). La dernière de ces critiques a eu lieu lors du Conseil des ministres le 10 mai 2023, où il a souligné l’urgence d’évaluer les activités des structures de microfinance, en particulier les mutuelles d’épargne et de crédit, ainsi que les taux pratiqués par les Sfd. Une étude sur les taux d’intérêt débiteurs appliqués à la clientèle a été lancée par le Fonds d’impulsion de la microfinance (Fimf).

Encadrement des Taux d’Intérêt

Dans la zone Uemoa, les taux d’intérêt débiteurs sont régis par la Loi sur l’usure et sont fixés à 15% pour les banques et 24% pour les Sfd, en vertu du Taux effectif global (Teg). Selon Sidy Lamine Ndiaye, Directeur exécutif de l’Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés (Ap/Sfd), la majorité des Sfd au Sénégal appliquent des taux inférieurs au plafond de 24% du Teg. En fait, les statistiques montrent que les taux appliqués varient de 12% à 24%, voire moins pour certains crédits. Cependant, les Sfd de petite taille ont tendance à appliquer le taux maximal de 24%, en raison de leur exposition au risque.

Le Coût du Risque

Une des principales raisons pour les taux d’intérêt élevés dans les Sfd est le coût du risque, associé à la nature particulière de la clientèle, composée principalement d’acteurs du secteur informel. Dans la fixation des taux d’intérêt, trois éléments sont pris en compte : le coût de la ressource, le coût du risque et les charges. Contrairement aux banques, les Sfd ne peuvent pas accéder directement au guichet de refinancement de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), ce qui les empêche de bénéficier de ressources financières à moindre coût. Cependant, des modalités de collaboration sont en place pour permettre aux banques de se refinancer à ce guichet pour les mêmes montants prêtés aux Sfd, à condition qu’ils fournissent des états financiers fiables. Pour les autorités monétaires de la Bceao, la question n’est pas l’accès au guichet de refinancement, mais l’accès à des ressources longues et concessionnelles.

Impact des Fonds d’Appui

Bien que les fonds d’appui mis en place par l’État, tels que le Fonamif, le Fimf et d’autres, aient un impact significatif sur le secteur de la microfinance en fournissant des ressources à moindre coût, ils ont tendance à travailler davantage avec les Sfd de grande taille et plus structurés qu’avec les plus petits. Un manque de synergie et de coordination entre ces fonds a été observé, ce qui peut nuire à leur efficacité et à la qualité du portefeuille de leurs Sfd partenaires. Une proposition avancée est de regrouper tous ces fonds, en les ancrant au ministère de la Microfinance, autour du Fonamif, pour servir de structure de refinancement crédible aux Sfd. Une autre solution pourrait être que le Fongip garantisse les crédits des Sfd auprès des banques pour réduire le coût du risque.

Pistes pour Faire Baisser les Taux

Pour réduire les taux d’intérêt, deux options sont envisageables. La première consiste à recourir à des financements concessionnels par le biais d’accords de financement avec des partenaires techniques et financiers au profit des Sfd. L’autre option est de bonifier les taux d’intérêt, où l’État et/ou les Ptf subventionnent une partie des taux en faveur d’une cible spécifique. En fin de compte, l’accent doit être mis sur la simplification des critères et conditions pour faciliter l’accès aux services financiers, ainsi que sur l’éducation financière à tous les niveaux de la population.

Défis et Perspectives

Malgré les progrès réalisés dans le secteur de la microfinance, des défis subsistent, notamment en ce qui concerne le respect de certains ratios prudentiels et indicateurs financiers, tels que la limitation des prêts aux dirigeants, l’autosuffisance opérationnelle, le coefficient d’exploitation et le taux de marge bénéficiaire. Un nettoyage du secteur et une amélioration de la gouvernance sont nécessaires pour renforcer la solidité financière des Sfd et stimuler leur contribution à l’économie. Une nouvelle loi régissant le secteur de la microfinance dans l’Uemoa est également prévue pour prendre en compte ces défis.

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