Samedi matin, dans le centre de Conakry, un commando lourdement armé a extrait l’ancien dictateur guinéen Moussa Dadis Camara de prison, après des échanges de tirs nourris. Cette opération a également permis la libération de deux autres anciens responsables, actuellement jugés pour leur implication dans un massacre survenu en 2009 sous sa présidence. Cependant, il demeure incertain si Moussa Dadis Camara a participé volontairement à cette évasion.
Un accès de fièvre secoue la capitale guinéenne
L’assaut du commando a résonné avant l’aube, perturbant la quiétude du centre de la capitale. Des militaires masqués et fortement armés ont forcé les accès de la prison vers 04H00, proclamant leur intention de libérer le capitaine Dadis Camara. À l’intérieur, ils ont agi avec une connaissance des lieux, extrayant le capitaine ainsi que d’autres détenus, dont la destination demeure inconnue.
Les rues de Kaloum, quartier central abritant la présidence, les institutions et les ambassades, ont retenti de tirs d’armes automatiques et de guerre. Le centre-ville est resté paralysé, sans possibilité d’entrée ou de sortie. Même l’accès à l’aéroport a été entravé, empêchant les personnels de navigation de rejoindre la plate-forme aéroportuaire.
Malgré l’éloignement de l’aéroport par rapport au centre, aucun avion n’a pu décoller, les personnels étant bloqués à Kaloum. Cette opération rappelle le putsch survenu le 5 septembre 2021, lorsque le colonel Mamady Doumbouya avait pris d’assaut le palais présidentiel, renversant le président civil Alpha Condé par la force des armes.
Une justice en quête de vérité
La Guinée est plongée dans la deuxième année du procès impliquant Moussa Dadis Camara et d’autres anciens responsables militaires et gouvernementaux pour le massacre de 2009. Les charges incluent des meurtres, actes de torture, viols et enlèvements perpétrés au stade du 28-Septembre et ses environs, lors d’une manifestation de l’opposition. La commission d’enquête mandatée par l’ONU a dénombré au moins 156 morts, des centaines de blessés et plus de 100 femmes violées.
Le procès a débuté en septembre 2022, alors que le colonel Doumbouya, nouvel homme fort du pays, promettait de réformer l’État guinéen et de faire de la justice sa boussole. Après le putsch de 2021, il s’est investi président, s’engageant à céder le pouvoir à des civils élus sous deux ans à partir de janvier 2023. Toutefois, les Forces vives de Guinée dénoncent des promesses non tenues et pointent du doigt une dérive autoritaire, qualifiant le régime naissant de « dictature ».